Depuis 12 ans, la tente des glaneurs investit les marchés aux quatre coins de la France pour récolter les invendus et les redistribuer à ceux qui en ont besoin.

Tout a commencé au marché de Wazemmes, à Lille, dans le Nord de la France. Jean-Loup Lemaire, ex-cuisinier gastronomique et anciennement bénévole aux Restos du Cœur, a décidé en 2010 de mettre la lutte contre le gaspillage alimentaire au profit des plus démunis.

Dignité, équité, et partage des denrées

« Les deux mots magiques de la tente des Glaneurs, c’est la dignité et l’équité », soutient le fondateur. Les personnes qui le souhaitent viennent à la tente des glaneurs obtenir quelque chose à manger sans demander la charité ». Son public ? Les personnes n’ayant pas accès au tissu associatif de redistribution solidaire comme les Restos du Cœur (par honte ou habitant trop loin ou ne rentrant pas dans les critères d’éligibilité…), mais également toute personne n’ayant pas les moyens de s’offrir un panier de denrées alimentaires. Etudiants, retraités, familles monoparentales… Le panel est large, mais chaque dimanche à Lille au marché de Wazemmes, et chaque jour de marché dans les autres villes où l’association s’est implantée, les bénévoles s’activent en fin de marchés, collectent les invendus du jour et les redistribuent après le marché, toujours sous forme de paniers composés. Tout le monde peut y avoir accès sans avoir à justifier de sa situation. À Caen, Paris, Grenoble, Armentières, Strasbourg et Alfortville, la solidarité et la lutte contre le gaspillage alimentaire s’invitent au marché !

Une double bonne action

« Quand on n’a pas l’argent pour se nourrir, c’est difficile d’aller demander de l’aide », affirme Solène, étudiante de 22 ans. Avec la crise sanitaire, sa situation financière s’est aggravée lorsque le bar dans lequel elle travaillait a fermé. « Je ne mangeais plus qu’un repas par jour, et lorsque les marchés ont pu à nouveau avoir lieu, une amie m’a parlé de la Tente des glaneurs », se rappelle la jeune femme. « Non seulement c’est une initiative salvatrice, mais en plus on fait une bonne action puisque ces denrées auraient été jetées à la poubelle si on ne les récupérait pas, ça nous enlève un poids des épaules ». Comme le traduit Jean-Loup Lemaire, « les personnes qui viennent à la Tente des Glaneurs se transforment en acteurs du développement durable ». Pas besoin de se justifier face aux bénévoles, tout est ici fait pour que la culpabilité ne trouve pas sa place.
« Pendant toute une période de ma vie, j’ai donné à manger aux riches. Un jour, j’ai décidé de donner richement à manger, relate le fondateur. J’en avais marre de voir des gens fouiller dans les poubelles pour se nourrir, j’ai voulu un retour à la dignité ». Une belle preuve que la solidarité trouve encore de bonnes âmes, au profit de tous.

Valentine Leroy

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